L’art-thérapie consiste dans un premier temps à la libération des émotions à l’instant T de la personne venue en atelier via la création artistique, et non à l’ouverture des "tiroirs" de son vécu lors d’un échange verbal. Dans cette dynamique d’expression de soi à la fois guidée (par le praticien et ses protocoles) et instinctive (dénuée de tout jugement et d’ambition exclusivement esthétique ou de notion de performance), le corps occupe alors une place privilégiée et essentielle. La musicothérapie sert souvent de préalable à l’activité plastique. En effet, cette méthode agissant dans le domaine du non verbal à l’aide de stimuli physiques et auditifs permet au bénéficiaire d’atteindre un état émotionnel plaisant, consolant ou parfois troublant, propice à l’ouverture sur soi et le monde. En musicothérapie dite active, le corps embrasse son rôle d’instrument, à la fois source et véhicule de tout une palette de ressentis. Une amélioration de la conscience corporelle s’obtient par un travail sur la posture, la respiration, les sons et la voix parlée et/ou chantée. Si l’art-thérapie ouvre des portes vers l’inconscient du bénéficiaire, elle lui permet essentiellement de mieux se connaître, de se révéler à lui-même, à sa cadence, sans auto-jugement ni sur-intellectualisation de ses pensées et ressentis. L’art-thérapie dynamique concentre ses enjeux selon une conception tripartite de l’être humain : le mental (la tête), les émotions (la poitrine) et les actions (l’abdomen). Pour répondre à la nécessité d’harmonisation de ces trois pôles, on propose des exercices simples visant un "réinvestissement" sur soi-même : dessins dynamiques aux pastels secs (empruntés aux kolams indiens), squiggle winnicottien, "bains de couleurs" à l'aquarelle (méthode Margarethe Hauschka), etc. Si l’importance du "faire" est incontestable dans un parcours art-thérapeutique, la libération des émotions et l’exploration de soi se réalisent également dans un état de pure réception. Ainsi, je tends particulièrement à inclure des temps d’écoute musicale/sonore en début ou fin de séance, façonnant des playlists et des compilations variées, adaptées aux multiples problématiques en lien avec les différents âges de la vie, touchant ainsi aussi bien les adolescents que les séniors. Même s’il n’est question que d’une quinzaine de minutes d’écoute, la musicothérapie réceptive agit intensément sur le psychisme de la personne alors physiquement passive. Dans une atmosphère tamisée, installé confortablement, le bénéficiaire assouplit ses mécanismes de défense et se livre à une véritable promenade intérieure. Les sons de la nature (pluie, orage, vent, brise marine ou océan déchaîné, oiseaux, etc.) couplés avec de la musique orchestrale ou synthétique/électronique ambiante, des chants traditionnels du monde entier ou des bandes originales de films (et de séries TV, en particulier auprès des adolescents) favorisent une plongée profonde dans les émotions, les impressions. Comme un voyage dans le temps de la personne alors emportée par ses ressentis, concentrée sur sa perception. Tandis que le recours aux chansons, qu’il s’agisse de vieux standards (jazz, rock, variété, etc.) ou de rengaines populaires, quelle que soit la langue de l’interprète, peut faire surgir des souvenirs plus précis, plus "concrets" et amener par exemple une personne dépendante et triste à panser certaines blessures par cette rétrospection heureuse.
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